Comment maintenir un chantier actif lorsque chaque minute circulent voyageurs et fret à pleine vitesse ? Pour répondre, les entreprises helvétiques ont organisé leur chaîne de sécurité ferroviaire autour de cinq fonctions complémentaires, chacune encadrée par la réglementation R RTE 20100 et par les Prescriptions de Circulation des Trains. Au cœur du dispositif, l’anticipation du danger, la communication sans ambiguïté et la traçabilité numérique ont divisé par trois les incidents depuis la révision de 2023, tout en préservant la cadence des convois. 

Le chef de la sécurité orchestre la vigilance des sentinelles

La sécurité ferroviaire en suisse repose d’abord sur le chef de la sécurité, professionnel formé pour traduire le plan de protection en actions concrètes. Présent du premier au dernier coup de pioche, il valide les marges d’éloignement, enregistre les coupures de voie et communique en temps réel avec le régulateur. Lorsque plusieurs sites se succèdent sur une même section, un coordinateur de chantier assure la cohérence des horaires et attribue les ressources. Viennent ensuite le protecteur et la sentinelle : l’un déclenche sirène et drapeau dès l’approche d’un train, l’autre surveille visuellement la zone depuis un point dégagé. Tous suivent des cursus spécifiques figurant dans la grille de formation R RTE 20100, avec recyclage triennal et contrôles médicaux réguliers, garantissant une vigilance constante même de nuit ou par météo défavorable. 

La chaîne de sécurité ferroviaire encadrée par la norme R RTE 20100

La chaîne de sécurité ferroviaire décrite dans la septième édition de la R RTE 20100 formalise les interactions entre les cinq fonctions citées précédemment. Cette version, publiée fin 2023, aligne les procédures sur les nouvelles PCT 2024 et détaille le code couleur des drapeaux, les délais d’alerte ainsi que le format numérique des journaux d’événements. Les fonctions y apparaissent sous des acronymes officiels (CS, CoC, Prot, Sent, DS) assortis des conditions d’âge, d’expérience et de santé. Pour accéder à la fonction CS, le candidat doit justifier de deux ans de terrain et réussir un examen validé par CFF Infrastructure, tandis que la sentinelle peut entrer en formation dès dix-huit ans, sous réserve d’une audition parfaite. Cette uniformité facilite les audits de l’Office fédéral des transports et l’interopérabilité entre Genève, Bâle et Bellinzone. 

Alarmes intelligentes et collecte de données pour un chantier plus serein

Pour renforcer cette chaîne de sécurité ferroviaire face à un trafic toujours plus dense, la technologie prend désormais le relais de l’œil humain. Les détecteurs Autoprowa®, installés plusieurs centaines de mètres en amont des travaux, repèrent l’essieu d’un convoi et déclenchent immédiatement une sirène WGH et un flash WGL, dont le volume et la luminosité s’ajustent au bruit ambiant. Les variantes radio mobiles ou câblées sont certifiées SIL4 ; un signal de secours se déclenche donc même en cas de panne d’alimentation. Chaque alerte rejoint la centrale SSE2, tablette du chef de la sécurité à la main, où elle nourrit un tableau de bord partagé avec le régulateur. Ces données permettent d’optimiser les fenêtres de travaux et de planifier la maintenance prédictive, réduisant d’autant les fermetures de voies inopinées. 

Admettre le zéro accident comme horizon implique une coopération sans faille entre compétences humaines et innovations techniques des entreprises mandatées pour cette mission. Demain, l’ajout de capteurs de proximité embarqués sur les locomotives et l’intelligence artificielle pourrait encore resserrer le filet protecteur. À quand la première voie remise en service sans la moindre minute de retard grâce à cette convergence ?